Abdullah Ibrahim Solo

"Good News from Africa", tel est le titre d'un album légendaire du pianiste, compositeur et activiste sud-africain Abdullah Ibrahim, qui s'appelait Adolphe Johannes "Dollar" Brand avant de se convertir à l'islam. Né le 9 octobre 1934 au Cap, Abdullah Ibrahim est considéré comme le musicien de jazz le plus marquant et le plus influent d'Afrique. Ceux qui se souviennent peut-être encore des magnifiques concerts avec Hugh Masekela et Larry Willis en novembre 2013 ou de la performance solo de Nduduzo Makhathini en octobre 2021 percevront cette soirée comme un "chaînon manquant". La musique d'Abdullah Ibrahim est essentielle au sens emphatique du terme. Lorsqu'il se met au piano, il puise dans 80 ans de pratique. Bien qu'au cours de sa longue carrière, inspiré par Duke Ellington et Thelonious Monk, il ait également composé pour de plus grands ensembles, Abdullah Ibrahim a toujours développé une forme très particulière de récital en solo. Dans un long set ininterrompu, il explore en quelque sorte sur le moment l'œuvre de sa vie, pose des accents, développe des motifs, les suggère, les répète ou les varie jusqu'à ce que son jeu rubato déploie une force hypnotique qui puise dans le spirituel et parvient à envoûter. Des albums comme "Senzo" (2008), "Dreamtime" (2019) ou plus récemment "Solotude" (2021), ce dernier enregistré dans sa région d'adoption, le Chiemgau, donnent une bonne impression, mais en live, cette approche développe une autre forme d'intensité.