Ben LaMar Gay Ensemble

Parfois, le label est la bouée de sauvetage lorsqu'il s'agit d'attribuer à un album la place qui lui revient dans la collection de disques. On veut pouvoir retrouver un jour ce qui a été classé. Dans ce cas, le label s'appelle "International Anthem". Alors : du jazz ? En mai 2018, le cornettiste et multi-instrumentiste Ben LaMar Gay a surpris le public intéressé avec son album "Downtown Castles Can Never Block The Sun". Ce qui se présentait comme un premier album était en même temps une sorte de "best of", car l'album était une compilation de musique créée sur sept ans pour sept albums, mais restée ensuite inédite. Ce qui avait enthousiasmé à l'époque, c'est que la musique documentait d'une part d'innombrables influences comme diverses manières de jouer du jazz, du hip-hop, de la pop, de la Tropicália, de l'electronica, du dub ou du folk à la manière d'un collage, mais qu'elle sonnait en même temps comme un très grand projet. Cornettiste de jazz aux racines hip-hop, vivant et travaillant tantôt à Chicago, tantôt au Brésil, LaMar Gay se place délibérément entre toutes les chaises avec son éclectisme offensif, que l'on devrait peut-être appeler "Tranceamericana". Pourtant, le musicien n'est pas un inconnu, loin de là. Avant ses débuts, on a pu l'entendre sur des albums de Jaimie Branch, Bottle Tree, Makaya McCraven ou Bitchin Bajas, il est également le leader de l'ensemble AACM Now Generation et s'inscrit donc dans la tradition de l'Art Ensemble of Chicago, de Lester Bowie et de Roscoe Mitchell. Donc : Great Black Music 2.0 ? En novembre 2021, le deuxième (ou huitième) album "Open Arms to Open Us" est sorti et il était clair que Ben LaMar Gay continuait au niveau atteint. Une fois de plus, il s'agit d'une chevauchée sauvage à travers les styles et les genres, parfois esquissée, parfois collagée de manière si brutale que l'on se croirait sur un album de Zappa en 1970. Mais Louis Armstrong, Duke Ellington et Gaetano Veloso figurent également sur la liste des invités imaginaires. Ce qui avait déjà été formulé dans le "Süddeutsche Zeitung" à propos du premier album a perduré : à partir de la multitude d'idées créatives de cet album, d'autres musiciens construiraient toute une carrière. Ou plusieurs. "De la musique à une époque dont nous espérerons un jour, dans nos rêves les plus fous, qu'elle a réellement existé". On ne peut pas mieux dire.