John Kameel Farah

Lors d'un concert de John Kameel Farah, on est projeté à travers les siècles et catapulté d'un continent à l'autre : Le Canadien né en 1983 fait partie d'une génération de pianistes qui ne se sent pas sans patrie entre son amour pour Bach et les sons électroniques de bricolage, l'improvisation et la musique écrite, mais qui s'épanouit carrément dans cette tension. Ce fils de parents palestiniens a étudié la composition au conservatoire de Toronto, a pris des cours privés avec Terry Riley en Californie et à l'Arabic Music Retreat à Hartford. Toutes ces influences s'entendent. Au milieu du piano, de l'orgue, du clavecin, des synthétiseurs et des appareils électroniques, il s'assied, lors de ses spectacles solo impressionnants, comme un magicien qui relie magistralement les sons provenant des univers stylistiques les plus divers, les superpose et les fait vibrer. Ainsi, un motif issu de l'époque baroque peut se transformer en une arabesque aux accents orientaux, tandis que des couches de sons drones se trouvent en dessous et qu'un breakbeat intervient soudain, transformant le morceau en une piste de danse de musique du monde, qui se termine finalement en méditation minimaliste. Il qualifie lui-même son "approche singulière" de "maximaliste" - ou, ce qui est encore mieux, de "cyberpunk baroque-mid-astern". Ceux qui ont assisté à ses deux concerts à Enjoy Jazz il y a quelques années ne voudront en aucun cas manquer le dernier trip expérimental magique de John Kameel Farah.