Late Night : Lea Bertucci & Ben Vida

Le magazine de musique en ligne Pitchfork parle d'une "intensité fantomatique" qui imprègne l'album "Murmurations". L'année Corona 2021 a vu le début de la collaboration entre l'avant-gardiste Lea Betucci et le musicien électronique Ben Vida, qui font tous deux partie de la scène expérimentale new-yorkaise depuis de nombreuses années. Les saxophones et flûtes de Bertucci rencontrent les mondes sonores bourdonnants de Vida, créés au synthétiseur. "Murmurations" - murmures et bruits - sont la base de cette expérience auditive mature et profondément sensibilisante. C'est comme si les bruits atmosphériques, les voix et les timbres se condensaient constamment et que l'on se retrouvait enfermé dans un espace électroacoustique quasi méditatif. La musique sans forme et pourtant substantielle enveloppe le corps entier. Elle peut facilement être interprétée comme stoïque, écrit le critique Jonathan Williger, "mais au cœur de celle-ci se trouve une espièglerie dynamique et persistante". L'espièglerie implique la curiosité. On n'a pas l'impression de se voir présenter quelque chose de fini, mais plutôt une recherche ouverte et expérimentale de quelque chose qu'on ne trouve pas. Ou un besoin de vérifier sans cesse la cohérence des sons, des clusters, des phrases et des drones produits, mais sans aucun modèle ou critère. La musique comme processus. Il y a de la magie dans l'approche de Bertucci et Vida, écrit Williger. La musique "difficile" est ainsi transposée dans le domaine du plaisir. Cela ne semble-t-il pas prometteur ?