Tord Gustavsen Trio

Dans le cadre du travail de Tord Gustavsen et de son nouvel album en trio "Opening", on entend souvent le terme "détendu". Mais si l'on veut y voir un synonyme de "pondéré" ou même d'"inoffensif", on fait fausse route : la décontraction est plutôt un autre mot pour la liberté, pour l'utilisation souveraine des moyens à disposition, pour une ouverture vers l'immédiat. Cette liberté et cette souveraineté sont le résultat d'un long processus. Depuis la fin des années 90, le pianiste norvégien probablement le plus influent du moment joue en trio avec le batteur Jarle Vespestad. Dans la formation actuelle, Steinar Raknes est pour la première fois de la partie à la basse, et il s'intègre parfaitement à l'ensemble. L'une des performances les plus remarquables de Gustavsen, qui ressort particulièrement sur le nouveau disque, est l'exigence assumée d'une concentration absolue. Cela implique quelque chose de fondamental. Contre la nervosité du présent, la rapidité du quotidien, le fait d'être pressé, il fait valoir une attitude contemplative. Cela se transmet à ses auditeurs et auditrices. Le folklore et le jazz classique sont tissés en filigrane et avec précaution ; il y a une confiance inaltérable dans les mélodies ; les chaînes harmoniques sont séduisantes, parfois surprenantes, jamais dérangeantes. Le groupe est littéralement à l'écoute des chansons qui, en retour, semblent dévoiler des histoires. Lorsque des instruments électroniques sont utilisés, ce n'est pas comme élément d'altération. Au contraire, ils chargent encore une fois d'énergie cet espace mystique créé par Gustavsen, Raknes et Vespestad. Enfant et jeune musicien, Gustavsen, né à Oslo en 1970, s'est souvenu un jour qu'il jouait dans des églises et des locaux. Et il a combiné sa formation classique avec l'écriture de ses propres chansons et la musique gospel. C'est ce que l'on entend encore aujourd'hui dans ses compositions et ses interprétations.